Faut-il prolonger l'assurance invalidité au-delà de 65 ans?

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Le vieillissement de la population et la hausse du coût de la vie transforment la culture du travail au Canada. Dans tous les secteurs, de plus en plus de travailleurs ont plus de 65 ans, âge habituel du départ à la retraite. Cette situation oblige les employeurs à repenser leurs régimes collectifs, y compris leur assurance invalidité de longue durée.

Dans cet article, Massimo Nini, vice-président principal, Conseil, tarification et actuariat chez AGA, s’entretient avec Joe Nunes, président-directeur général d’Actuarial Solutions inc. et coauteur de la récente publication The Evolution of Employer-Sponsored Long-Term Disability Plans. Ensemble, ils explorent l’évolution de l’assurance invalidité en réponse au changement des besoins et des attentes des employés.

Massimo Nini (MN) : Joe, croyez-vous que les adhérents apprécient la valeur des prestations d’invalidité de longue durée (ILD)?

Joe Nunes (JN) : Je crois que, en général, les employés ne pensent pas vraiment à l’assurance ILD, sauf s’ils se trouvent dans la fâcheuse situation où ils doivent réclamer des prestations. Cela s’applique sans doute à la plupart des types d’assurance, notamment l’assurance vie, habitation et automobile. Malheureusement, plusieurs choisiront de se passer d’assurance par souci d’économie, en présumant qu’ils n’en auront jamais besoin. Les gens ont du mal à distinguer l’improbable de l’impossible!

MN : Vu les besoins changeants d’une main-d’œuvre vieillissante, les employeurs devraient-ils prolonger les prestations au-delà de 65 ans? Est-ce une tendance que vous observez déjà au Canada? 

JN : Oui et non. La réponse dépend souvent du domaine d’activité. Les employeurs dont les employés tendent à rester au travail après 65 ans devraient songer à l’incidence d’une couverture d’invalidité sur les finances de ces travailleurs. Ils devraient également réfléchir à leur éventuelle responsabilité d’aider ces derniers à obtenir une protection du revenu.

À l’inverse par exemple, très peu d’enseignants au primaire continuent de travailler après 65 ans. Dans ce cas, le prolongement ou non une couverture d’invalidité au-delà de cet âge n’a pas beaucoup d’importance.

MN : Dans votre récente publication, vous explorez la possibilité de mettre fin à une couverture ILD à l’âge de 65 ans. Quels sont les points clés à retenir à ce propos?

JN : Il y a trois points clés à retenir. Premièrement, la retraite obligatoire étant chose du passé, certains travailleurs restent au travail après 65 ans. Bien qu’il soit toujours permis de mettre fin à l’assurance invalidité à cet âge, cela désavantage évidemment les travailleurs.

Deuxièmement, la prolongation d’une couverture ILD au-delà de 65 ans représente des coûts, que les employeurs et employés doivent évaluer, en regard des avantages qui en découleraient, et qu’ils doivent partager.

Troisièmement, en contexte de négociation collective, les employeurs devraient aborder cette question d’emblée plutôt qu’attendre qu’un grief ébranle le statu quo.

MN : Quels seraient certains des arguments contre la prolongation d’une couverture au-delà de 65 ans?

JN : Comme je l’ai mentionné, dans certains secteurs, peu de travailleurs – voire aucun – restent au travail après 65 ans. Dans ce cas, il est inutile de modifier un régime dont la couverture prend fin à cet âge. Qui plus est, certains employés âgés de plus de 65 ans restent au travail par plaisir. Ceux-ci n’ont pas besoin d’une protection du revenu, car ils seraient prêts à prendre leur retraite s’ils devenaient incapables de travailler.

MN : Pour les employeurs qui souhaitent prolonger leur couverture ILD, quelles seraient les approches possibles?

JN : Il y a plusieurs façons de modifier un régime afin de protéger les travailleurs âgés. Je privilégie l’approche d’une protection du revenu pendant au moins 24 mois chez les travailleurs qui deviennent invalides après l’âge de 63 ans, et d’une prolongation de couverture de 65 à 70 ans, par exemple. Cela ne change rien aux coûts pour les travailleurs de moins de 63 ans, et bien que les autres paient des primes plus élevées, ils bénéficient également d’une bonne protection.

MN : Avez-vous quelques conseils pour conclure?

JN : La protection du revenu pour les travailleurs invalides de plus de 65 ans est un enjeu émergent auquel les syndicats s’attardent de plus en plus. Que leur main-d’œuvre soit syndiquée ou non, les employeurs ont intérêt à évaluer en amont les besoins de leurs employés en matière d’invalidité.

Lorsqu’il est question de couverture ILD, il n’y a pas de solution universelle. C’est d’ailleurs le cas pour toute assurance collective. Chaque lieu de travail est différent, et il revient à chaque employeur d’évaluer ou de réévaluer ses régimes collectifs afin de répondre aux besoins de la main-d’œuvre actuelle et émergente.

On voit encore des sociétés d’assurance qui ne permettent pas les régimes ILD dont les prestations se prolongent au-delà de 65 ans, bien que l’intérêt pour les couvertures ILD prolongées soit en progression. Il est essentiel d’inclure votre conseiller en assurance dans ces négociations, car il connaît la démographie de votre main-d’œuvre et sait ce qu’offrent actuellement les sociétés d’assurance. Ces deux éléments doivent être conciliés afin d’en venir à une structure qui convienne à la fois aux employeurs, aux employés et aux assureurs.

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Faut-il prolonger l'assurance invalidité au-delà de 65 ans?

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Le vieillissement de la population et la hausse du coût de la vie transforment la culture du travail au Canada. Dans tous les secteurs, de plus en plus de travailleurs ont plus de 65 ans, âge habituel du départ à la retraite. Cette situation oblige les employeurs à repenser leurs régimes collectifs, y compris leur assurance invalidité de longue durée.

Dans cet article, Massimo Nini, vice-président principal, Conseil, tarification et actuariat chez AGA, s’entretient avec Joe Nunes, président-directeur général d’Actuarial Solutions inc. et coauteur de la récente publication The Evolution of Employer-Sponsored Long-Term Disability Plans. Ensemble, ils explorent l’évolution de l’assurance invalidité en réponse au changement des besoins et des attentes des employés.

Massimo Nini (MN) : Joe, croyez-vous que les adhérents apprécient la valeur des prestations d’invalidité de longue durée (ILD)?

Joe Nunes (JN) : Je crois que, en général, les employés ne pensent pas vraiment à l’assurance ILD, sauf s’ils se trouvent dans la fâcheuse situation où ils doivent réclamer des prestations. Cela s’applique sans doute à la plupart des types d’assurance, notamment l’assurance vie, habitation et automobile. Malheureusement, plusieurs choisiront de se passer d’assurance par souci d’économie, en présumant qu’ils n’en auront jamais besoin. Les gens ont du mal à distinguer l’improbable de l’impossible!

MN : Vu les besoins changeants d’une main-d’œuvre vieillissante, les employeurs devraient-ils prolonger les prestations au-delà de 65 ans? Est-ce une tendance que vous observez déjà au Canada? 

JN : Oui et non. La réponse dépend souvent du domaine d’activité. Les employeurs dont les employés tendent à rester au travail après 65 ans devraient songer à l’incidence d’une couverture d’invalidité sur les finances de ces travailleurs. Ils devraient également réfléchir à leur éventuelle responsabilité d’aider ces derniers à obtenir une protection du revenu.

À l’inverse par exemple, très peu d’enseignants au primaire continuent de travailler après 65 ans. Dans ce cas, le prolongement ou non une couverture d’invalidité au-delà de cet âge n’a pas beaucoup d’importance.

MN : Dans votre récente publication, vous explorez la possibilité de mettre fin à une couverture ILD à l’âge de 65 ans. Quels sont les points clés à retenir à ce propos?

JN : Il y a trois points clés à retenir. Premièrement, la retraite obligatoire étant chose du passé, certains travailleurs restent au travail après 65 ans. Bien qu’il soit toujours permis de mettre fin à l’assurance invalidité à cet âge, cela désavantage évidemment les travailleurs.

Deuxièmement, la prolongation d’une couverture ILD au-delà de 65 ans représente des coûts, que les employeurs et employés doivent évaluer, en regard des avantages qui en découleraient, et qu’ils doivent partager.

Troisièmement, en contexte de négociation collective, les employeurs devraient aborder cette question d’emblée plutôt qu’attendre qu’un grief ébranle le statu quo.

MN : Quels seraient certains des arguments contre la prolongation d’une couverture au-delà de 65 ans?

JN : Comme je l’ai mentionné, dans certains secteurs, peu de travailleurs – voire aucun – restent au travail après 65 ans. Dans ce cas, il est inutile de modifier un régime dont la couverture prend fin à cet âge. Qui plus est, certains employés âgés de plus de 65 ans restent au travail par plaisir. Ceux-ci n’ont pas besoin d’une protection du revenu, car ils seraient prêts à prendre leur retraite s’ils devenaient incapables de travailler.

MN : Pour les employeurs qui souhaitent prolonger leur couverture ILD, quelles seraient les approches possibles?

JN : Il y a plusieurs façons de modifier un régime afin de protéger les travailleurs âgés. Je privilégie l’approche d’une protection du revenu pendant au moins 24 mois chez les travailleurs qui deviennent invalides après l’âge de 63 ans, et d’une prolongation de couverture de 65 à 70 ans, par exemple. Cela ne change rien aux coûts pour les travailleurs de moins de 63 ans, et bien que les autres paient des primes plus élevées, ils bénéficient également d’une bonne protection.

MN : Avez-vous quelques conseils pour conclure?

JN : La protection du revenu pour les travailleurs invalides de plus de 65 ans est un enjeu émergent auquel les syndicats s’attardent de plus en plus. Que leur main-d’œuvre soit syndiquée ou non, les employeurs ont intérêt à évaluer en amont les besoins de leurs employés en matière d’invalidité.

Lorsqu’il est question de couverture ILD, il n’y a pas de solution universelle. C’est d’ailleurs le cas pour toute assurance collective. Chaque lieu de travail est différent, et il revient à chaque employeur d’évaluer ou de réévaluer ses régimes collectifs afin de répondre aux besoins de la main-d’œuvre actuelle et émergente.

On voit encore des sociétés d’assurance qui ne permettent pas les régimes ILD dont les prestations se prolongent au-delà de 65 ans, bien que l’intérêt pour les couvertures ILD prolongées soit en progression. Il est essentiel d’inclure votre conseiller en assurance dans ces négociations, car il connaît la démographie de votre main-d’œuvre et sait ce qu’offrent actuellement les sociétés d’assurance. Ces deux éléments doivent être conciliés afin d’en venir à une structure qui convienne à la fois aux employeurs, aux employés et aux assureurs.

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